Histoire du DJ – L’évolution du DJ’ing
Les inventeurs du métier de Disc-Jockey
Quand on évoque le mot DJ, on pense tout de suite aux beats électroniques joués solo, ou accompagnant les plus grandes stars pop ou rap de la scène musicale internationale. A moins qu’aujourd’hui les vraies stars, ce ne soient justement les DJs : David Guetta, Armin Van Buuren, Avicii, Tiësto, Calvin Harris, ou encore les belges Dimitri Vegas et Like Mike. En tous les cas, on associe rarement disc-jockeys et musique disco, et c’est pourtant bien avec ce style musical, à la fin des années 1960 et dans les années 1970 que commence l’histoire des DJs.
Le berceau disco
Le DJ est au départ celui qui sélectionne et diffuse les titres lors d’une soirée dans un club. On dirait aujourd’hui qu’il gère la playlist, sauf qu’à l’époque il n’y a pas Deezer, Spotify ou Youtube pour faire s’enchaîner les tubes du moment. Le disc-jockey est donc le préposé à la musique et il veille sur le rythme de la soirée. Une exigence donc : la fluidité. Quand la musique disco s’impose au tournant des années 1960 et 1970, avec ses rythmes effrénés, les propriétaires des clubs et les fêtards demandent aux DJs d’accentuer cette fluidité. Ils veulent une bande son festive ininterrompue, comme dans un film géant composé par tous les tubes disco du moment, fondus les uns dans les autres, pour danser et s’immerger dans le flot du son, ne faire qu’un avec lui.
A partir de ce moment, le DJ n’est plus seulement un créateur de playlist et un diffuseur façon animateur de radio, il est aussi un artiste mélangeant et manipulant les morceaux. En live, il compose donc sur des rythmes disco un fil ininterrompu, comme le fait à New York l’un des pionniers du genre, Terry Noël, qui joue avec deux ou trois vinyles en même temps. On est alors au tout début du DJing et la technologie des années 1970 n’est pas celle des années 2010. Imaginez que DJ Francis Grasso qui mixe sur des Thorens ne peut pas faire varier la vitesse de rotation de ses platines, ni même toucher la surface des vinyles. Il doit donc avoir une maîtrise technique et une dextérité extraordinaire pour lancer le morceau au meilleur moment.
DJ Francis Grasso invente le beatmatching, il expérimente les breaks et utilise deux copies d’un même disque, faisant durer une séquence percussive par le jeu d’alternance entre la platine de gauche et la platine de droite. Il crée donc des effets d’écho ou du phasing. Comme de nombreux DJs disco de l’époque, il ne se contente pas de diffuser, il crée en direct de nouveaux sons en mélangeant le refrain ou les accords d’un tube avec les séquences rythmiques d’un autre tube : le mix est né.
MC et DJ : la révolution hip-hop
A peu près en même temps, toujours aux États-Unis, un autre courant musical se développe : le hip hop. Le disco a certes quelques longueurs d’avance, mais le hip hop n’est pas en reste et utilise les services des DJs, là encore au départ dans un cadre festif, les célèbres blocks parties du Bronx ou de Harlem, pour lesquelles il faut un disc-jockey et un master of ceremony, un MC. Dans les années 1970, le MC est subordonné au DJ parce que le rap n’en est encore qu’à ses balbutiements et les maîtres de cérémonies, expérimentant le get down, improvisent en live sur les mixs du DJ. A partir des années 1980, la hiérarchie se renverse et le MC prend le lead dans sa collaboration avec les DJs : le rap est né.
Côté hip hop, ceux qui firent évoluer le DJing s’appellent Kool DJ Herc, Afrika Bambaataa ou encore Grandmaster Flash. Ce dernier passe pour l’inventeur du scratch, c’est-à-dire de la modification manuelle de la vitesse de lecture d’un disque vinyle, produisant par frottement un effet sonore reconnaissable. D’autres disent que c’est Theodore Livingstone, alias GrandWizzard Theodore, qui découvrit le scratching, par accident, grâce à … sa mère qui voulait qu’il baisse le volume de sa musique !
Les DJs hip hop peuvent en tous les cas compter sur les évolutions techniques de leur époque. En effet, l’entreprise Technics, celle-là même qui invente en 1969 la première platine à courroie directe, la mythique SP-10, lance en 1978 la SL 1200 MKII avec son pitch bend permet de moduler la vitesse de rotation des disques.
De la techno à l’électro
Les évolutions techniques et technologiques accompagnent et permettent l’histoire du DJing, mais ce sont surtout les changements de styles de musique qui illustrent mieux cette histoire. Après le disco et le hip hop, les années 1990 arrivent et avec elles la musique techno, celle des raves parties et du succès du rôle des DJs.
Surtout, à partir des années 1990, on assiste à une globalisation du phénomène. Le DJing ne se limite plus aux États-Unis et toute la planète découvre le phénomène. En Angleterre, Paul Oakenfold ou Danny Rampling partagent la même ferveur que les Allemands DJ Rok ou Ata, alors qu’aux States trois pôles émergent : Détroit, Chicago et bien sûr New York. En France, les talents explosent, à tel point que l’on parle de French Touch avec des noms comme David Guetta, Laurent Garnier ou Dimitri From Paris du côté des DJs et bien sûr les Daft Punk ou Air du côté des compositeurs de musique électro. La French Touch représente la déclinaison française de la house. Aujourd’hui les musiques électroniques collent toujours à la peau des DJs à moins que ce ne soit à celle des platinistes ?
DJ ou platiniste ?
Avez-vous déjà assisté au show d’un turntablist, un platiniste comme aurait dit Molière et ceux qui parlent la même langue ? Flare, slur, strobing, cela vous dit quelque chose ? Crab, tear ou hydroplane ? Ce sont des techniques ou des styles qui permettent aux platinistes de briller. Ils décomposent et recomposent les morceaux, ils ne se contentent pas de les mélanger et de les manipuler, bref de mixer et de scratcher, mais ils composent en direct, ce qui requiert une dextérité extraordinaire derrière les platines. Au rayon du turntablism, on trouvera ainsi Kid Koala, Diplo, Q-Bert ou bien les Français Birdy Nam Nam, si impressionnants en live.
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Tags: DeeJay, Platiniste